Chirurgie oncologique
Chez le chien
Les sarcomes des tissus mous: Les sarcomes des tissus mous correspondent aux tumeurs des tissus conjonctifs et représentent 15% des tumeurs cutanées et sous cutanées des chiens. Il s’agit d’un cancer surtout agressif localement dont le traitement de choix repose si possible sur un acte chirurgical avec des marges importantes dès la première chirurgie. On distingue plusieurs types de sarcomes (sarcomes des tissus mous, synoviosarcome, myxosarcome, rhabdomyosarcomes…) qu’on divise en 3 grades dont l’agressivité locale et leur potentiel métastatique diffèrent, entrainant de ce fait une prise en charge différente (bilan d’extension avant ou après l’acte chirurgical, mise en place d’une thérapeutique adjuvante ou non, importance des marges lors de la chirurgie…)
Les mastocytomes: Le mastocytome est la tumeur cutanée la plus fréquente du chien. Elle se présente sous la forme d’une masse, d’un nodule pouvant prendre n’importe quelle forme et dont le diagnostic est souvent faisable avec une simple cytoponction. Le traitement de choix correspond prioritairement à un traitement chirurgical, idéalement associée à une cytoponction ou un retrait du NL sentinel, avec obligatoirement une analyse histologique permettant de connaitre le grade du mastocytome et donc son degré d’agressivité. L’analyse histologique doit très souvent être complété par un autre examen (calcul du Ki67) pour affiner ce grading. Ainsi en fonction du grade du mastocytome, un bilan d’extension à la recherche de métastase sera plus ou moins envisagé ainsi que la mise en place d’un traitement de chimiothérapie. Dans certains cas, un traitement par Stelfonta peut-être envisagé. En cas de prise en charge précoce et adaptée, les pronostics sont bons avec dans de nombreux cas des guérisons possibles et des survies de plusieurs mois et même de plusieurs années.
Les ostéosarcomes: Les ostéosarcomes des membres représentent 85% des tumeurs osseuses du chien. Elles se manifestent par une boiterie, une douleur, une tuméfaction du membre. Il s’agit d’un cancer agressif, malgré un faible taux de métastases au moment du diagnostic. Le traitement de choix repose sur un traitement de la maladie locale et de la maladie métastatique permettant de doubler l’espérance de vie. Le traitement de la maladie locale passe idéalement par une chirurgie (amputation ou chirurgie de conservation du membre possible que dans certains cas bien définis) quand celle-ci est possible ou par de la radiothérapie. En cas d’impossibilité ou de refus de ces 2 options, gestion de la douleur avec mise en place de ciment osseux*, perfusion de biphosphonates, morphiniques…La mise en place d’un traitement médical de type chimiothérapie est préconisée dans tous les cas permettant de retarder le développement métastatique et ainsi doublé l’espérance de vie.
*Il s'agit d'un ciment phosphocalcique à injecter au niveau du site tumoral par une chirurgie mini-invasive, ayant pour but de conserver le membre en limitant les risques de fractures pathologiques et en limitant la douleur chez les animaux.
Les carcinomes mammaires: Les carcinomes mammaires sont des cancers des mamelles correspondant à 50-70% des tumeurs des chiennes entières. 50% d’entre elles sont bénignes, 50% sont malignes. Le traitement de choix repose en une chirurgie large avec idéalement retrait de toute la chaine mammaire et du NL inguinale (et axillaire si possible). Un bilan d’extension est préconisé avant ou après l’acte chirurgical, en fonction du grade, correspondant à la recherche de nodules pulmonaires notamment (soit par radiographie avec 3 vues, soit par examen tomodensitométrique). En cas de tumeur bénigne et de tumeur de bas grade, les pronostics sont bons avec possibilité de guérison et de médiane de survie de plusieurs années. Les médianes de survie diminuent fortement en cas de carcinome de grade 3 ou en cas de maladie métastatique déjà présente aux ganglions ou à distance. Dans ces cas une prise en charge médicale est alors préconisée.
Les hémangiosarcomes spléniques: Tumeur primitive de la rate la plus fréquente, touchant principalement les chiens de grand format. La suspicion est clinique, lors de découverte fortuite de masse ou lors d’hémo-abdomen. Le diagnostic définitif repose cependant sur l’analyse histologique car échographiquement aucune image (mis à part la présence de métastases visibles en imagerie laissant fortement suspectée un cancer) ne permet de poser le diagnostic d’hémangiosarcome. Il s’agit d’un cancer agressif avec souvent présence de métastase lors du diagnostic qui incite à la mise en place d’un traitement médical pour retarder le développement du cancer.
Chez le Chat
Les lymphomes digestifs : ils correspondent aux tumeurs digestives les plus couramment rencontrées chez le chat. Les signes cliniques sont une perte de poids, des vomissements et de la diarrhée principalement. Le diagnostic peut se faire par cytologie pour le lymphome de haut grade mais nécessite dans le cas des lymphomes de bas grade une histologie faite le plus souvent sur des biopsies soit chirurgicales soit par endoscopie pour le distinguer des maladies inflammatoires chroniques.
- Le lymphome digestif de haut grade : Il s’agit d’un cancer agressif nécessitant la mise en place d’un traitement de chimiothérapie conventionnelle permettant une médiane de survie variable en fonction de la réponse au traitement (entre quelques semaines à plusieurs mois voir dans quelques cas à plus de 2 ans.
- Le lymphome digestif de bas grade : Il s’agit d’un cancer beaucoup moins agressif dont le traitement se fait à la maison avec des suivis réguliers à la clinique et dont le pronostic est en général bon (médiane de survie de plus de 2 ans)
Les fibrosarcomes : les fibrosarcomes sont des cancers faisant partie de l’entité des sarcomes au site d’injection. En effet ils peuvent survenir après une injection ou tout autre traumatisme. La règle est de contacter un vétérinaire en suivant la règle dite « 3,2,1 », à savoir :
- Masse présente 3 mois après une injection
- Masse faisant plus de 2 cm
- Masse continuant de grossir 1 mois après l’injection
- Ce sont des cancers très agressifs localement mais présentant un risque métastatique assez faible (moins de 30%). Ainsi le traitement de choix repose sur un acte chirurgical agressif avec des marges latérales de 5cm et de 2 plans de fascias en profondeur. Il est important de bien planifier la chirurgie en réalisant en amont un scanner ayant pour but de savoir si la masse est retirable, planifier la chirurgie et rechercher de possibles métastases.
- Ainsi une prise en charge précoce est importante, le pronostic variant en fonction de la taille de la tumeur.
- Il est recommandé en plus de la chirurgie de faire également un traitement de radiothérapie permettant une augmentation du temps sans récidive et donc une augmentation de la médiane de survie. La radiothérapie peut également être envisagée seule dans un but palliatif.
- Les traitements médicaux sont préconisés en cas de refus des traitements locaux, quand ceux-ci ne sont pas optimaux ou en cas de maladie métastatique.
Les carcinomes mammaires: les tumeurs mammaires sont la 3ème tumeur la plus couramment rencontrée chez les chats et correspondent majoritairement à des cancers (85-95% des cas). L’exposition aux hormones sexuelle est un critère favorisant l’apparition de ces cancers avec un risque multiplié par 7 pour les chattes non stérilisées et multiplié par 3 pour celles ayant reçu la pilule.
Ainsi la stérilisation précoce a un effet bénéfique sur le risque d’apparition des cancers :
- Avant l’âge de 6 mois : réduction du risque de 90%
- Entre 6 mois et 1 an ; réduction de 85%
- Entre 1 et 2 ans : réduction de 10%
- Après 2 ans : absence d’effet protecteur.
- Dans le cas d’apparition de masses mammaires, en raison du fort potentiel agressif une recherche de métastases à distance est importante avant d’envisager une chirurgie.
• Une chirurgie radicale est recommandée, à savoir :
- Retrait des 2 chaines mammaires en même temps, mais risque de complications post-opératoire plus important
- Retrait de toute la chaine mammaire, et retrait 2-4 semaines plus tard de l’autre chaine.
- En effet une chirurgie conservatrice (retrait d’un nodule ou d’une demi-chaine) conduit à des risques de récidive et de métastases plus important et donc à une survie diminuée
- Les traitements médicaux sont recommandés dans le cas de carcinome de grade 3, d’envahissement vasculaire, de présence de métastases et en cas d’absence de traitement locaux possibles ou voulus.
- Ainsi le pronostic (allant de moins d’un mois à plusieurs années) dépendra de la taille de la masse, de l’ulcération, de la réalisation d’une chirurgie, du type de cancer et de son grade, de la présence ou non de métastase, de la mise en place d’un traitement médical etc